L'équipée sauvage: mars 2008

Ryan Jarman, The Cribs, photographié par Danny North.

Le Rock est sûrement indéfinissable, une sorte de fourre tout qui englobe différentes choses.

Une musique tout d’abord. Il faudrait néanmoins se mettre d’accord sur les origines, les courants appartenants ou non à cette famille… En gros y passer sa vie.

C’est aussi une attitude, même si c’est vague. Certains y voient un style de vie. La encore, avec ses dizaines de tribus rocks, personne ne se mettra d’accord.

Bref, je choisirai le Rock comme étant une bande de (jeunes) gars désireux d’épater un autre groupe de gars (et de filles, bien sur) à l’aide d’une guitare, d’une basse et d’une batterie. En émettant son bruit, le but est de créer une émotion dans cet autre groupe : qu’ils crient, qu’ils rient ou qu’ils dépriment, peu importe.

Selon la première bande de gars, le deuxième groupe (qui kiffe) à plusieurs choix : Danser, chanter, dévaster une salle, pleurer ou rester bouche bée.

Je dirais également que ce groupe permet à son audience de se changer les idées et donc d’oublier son quotidien (pauvre et malheureux, riche et malheureux… Souvent malheureux quoi…) et de s’évader.

Je vais être court : l’histoire du Rock à donné une imagerie, faites de principes, de normes et de valeurs. Dire que les classique du Rock se concentrent autour de thèmes tels que le sexe ou les drogues, c’est certes cliché, mais c’est pourtant assez objectif et c’est ce qui fait le succès, depuis 60 ans, de la musique du diable.

Si l’on ajoute à cela la dimension parfois politique, on a affaire à une source de contre culture, avant qu’il ne soit récupéré par la vague commerciale.

Pour enchaîner et parler d’un groupe, il y a l’embarra du choix. S’il fallait en choisir un, justement, je prendrai les Cribs. Originaires de Wakefield dans le nord de l’Angleterre, loin de la hype de Londres, les trois frangins sont ce résumé rock cliché, mais qu’on n’en finit pas d’adorer. Musicalement ? Pas les plus novateurs (ça pioche… Du Strokes par ci, du Moldy Peaches par la…). Textuellement ? Rien de poètes maudits modernes, dont les paroles inondent les blogs d’adolescentes. Juste trois gars qui jouent fort, sincèrement et sans tricher, racontant leurs vies et celles de leur génération, avec une immense générosité pour leur public. « Punks dans l’âme mais pop dans l’écriture » disait un journaliste des inrocks à leur sujet. C’est brillamment résumé. Des mélodies efficaces, minimalistes, sur lesquelles on se laisse aller à brailler comme dans un stade de foot.

Quand ils arrivent sur scène, dans des petites salles archi-bondées, les Cribs ne sont pas irréprochables « éthiliquement » parlant… Puis, c’est toujours le même rituel : au premier accord (un peu foiré), un mouvement de foule vers l’avant gagne la fosse, qui perd le contrôle, pour une bonne heure de sport intensif.

Ce public, c’est aussi une bonne raison d’aimer ce groupe. Les Cribs ont prit en grippe la génération des fashion Rockers, tous ces indie kids qui sont apparus durant les années 2000, pour qui skinny jeans et coupes de cheveux gélatinés sont les principales façons d’être rock. Issus de cette même génération, ce genre de prise de positions a façonné l’image du groupe.

Ca n’a rien de révolutionnaire, c’est même légèrement futile, mais ça a son importance. Le groupe revendique son statut de groupe indépendant et tient à se tenir à distance du mainstream.

C’est un comportement intègre, qui ne cherche pas à caresser l’audience Rock dans le sens du poil… Rien que pour ça, c’est respectable.

Le Rock, ou le Punk, beaucoup le vivent en cherchant à faire revivre le passé, en se déguisant toujours comme en 1977, en cherchant à reproduire indéfiniment ces schémas tracés par les legendaire Pistols ou Clash. Certains le font bien, d’autres moins bien. Les Cribs, à leur façon, sont des Punks des années 2000. Sans déguisements, sans se donner des règles, ils tracent leur route et sont, selon moi, fidèles à ce que doit être l’esprit d’un groupe de Rock. Ils ne seront probablement jamais un gros groupe, n’auront jamais l’échos ou le buzz des Libertines.

Mais à leur échelle, ils sont parfaits. Pas mon groupe préféré, mais un vrai putain de bon groupe de Rock qui dégage quelque chose.

« Cribs Rule ».