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12.3.10

COMMUNIQUE

Nous, Supras Auteuil, Authentiks et Grinta, associations de supporters du Paris Saint-Germain du Virage Auteuil et de la Tribune G, avons décidé de ne plus nous rendre au Parc des Princes à partir de ce samedi 13 mars pour la rencontre PSG-Sochaux.

La problématique du racisme qui gangrène le Paris Saint-Germain s’exacerbe chaque année. Aujourd’hui, en tant qu’êtres humains et citoyens, nous considérons que nous ne pouvons plus supporter notre équipe en acceptant que les exactions et la présence d’une frange ouvertement raciste soit tolérée dans l’identité du Club.

Le dimanche 28 février 2010, avant le match contre l’OM, tous les supporters présents devant le Virage Auteuil ont pu constater le racisme et la violence auxquels doivent faire face trop régulièrement les fans parisiens en déplacement, à l’abri des regards. Des dizaines de supporters qui attendaient devant les guichets de la tribune Auteuil ont été agressées par surprise et de façon préméditée par un groupe de 150 hooligans du Kop de Boulogne, le tout dans un torrent de slogans racistes et de haine. Devant l’absence de réaction policière, la riposte spontanée des abonnés a mis en déroute les assaillants. L’un des participants actifs de l’attaque s’est retrouvé isolé et passé à tabac par les personnes qu’il avait entrepris d’agresser. Il se trouve aujourd’hui plongé dans un coma artificiel.

Nos associations dénoncent cet acharnement, mais il faut avoir le courage de considérer que de telles réactions ne peuvent être isolées du climat de terreur raciste que les supporters du PSG endurent depuis trop longtemps dans le silence.
La direction du Paris SG a réagi vivement pour condamner ce qu’il convient d’appeler un lynchage. Il était de son devoir de le faire. Pour autant, elle n’a pas eu un mot pour soutenir ses innombrables abonnés victimes de cette ratonnade géante et préméditée, alors que son ampleur en fait sans doute la pire exaction physique à caractère raciste organisée au cours des quinze dernières années à Paris, si ce n’est en France. Les nombreux témoignages, articles ou vidéos diffusés depuis le 28 février le démontrent.

La direction du Paris SG avait été tout aussi muette après les incidents à Lille du mois de janvier, où les mêmes hooligans avaient investi les gradins de la tribune visiteur pour s’attaquer aux membres du Virage Auteuil, toujours sous un déferlement d’injures racistes. Le drame avait été évité de peu, puisque de nombreuses personnes s’étaient retrouvées coincées et pressées contre les grilles. Alors qu’il connaissait la situation dans le détail, le PSG s’était contenté de condamner les incidents, sans dire un mot sur le raid mené par le groupe de Boulogne et la caractérisation raciste de cette agression. Il faut observer que depuis ce 28 février, le Club n’a jamais cherché à contacter les associations officielles, préférant annoncer par voie de presse la fermeture de nos locaux, décision surprenante dont nous cherchons encore la pertinence et l’efficacité par rapport à la nature des incidents observés.

Les omissions répétées et volontaires de la direction du PSG sur des sujets aussi graves démontrent que celle-ci a fait le choix de nier les agressions racistes dont font l’objet ses supporters depuis toujours, et qui vont en s’aggravant. Au PSG, défendre le cosmopolitisme et le droit pour chaque supporter de venir au Parc quelle que soit sa couleur de peau est un discours de façade. Dans les faits, les associations officielles de supporters observent que le club a fait le choix de passer sous silence les agissements de certains membres de la tribune Boulogne – par peur des représailles ou par intérêt objectif – au lieu de prendre la défense morale et physique des supporters de toutes les autres tribunes qui assistent, impuissants, à des actes inqualifiables depuis trop longtemps.

Ce parti pris du club se traduit par une politique de répression à l’encontre des supporters de tous horizons, dès qu’ils ont le malheur de répondre aux provocations et agressions racistes dont ils font l’objet. Dans un cynisme parfaitement assumé, le remède des autorités et du PSG consiste à réprimer les cibles des attaques (les supporters du Virage Auteuil et des autres tribunes), plutôt que les auteurs de ces agressions. C’est ainsi qu’à Lille, ce sont les supporters du Virage Auteuil, pourtant attaqués, qui ont été évacués de force du stade par le préfet. Dans un communiqué intitulé « La France est blanche », daté de Mars 2006 , nous avions déjà alerté l'opinion publique de l'existence de ces démonstrations racistes et de l'indifférence du PSG et des autorités publiques sur le sujet. En vain.

Depuis le 28 février, les membres de nos associations et du Virage Auteuil subissent une répression inouïe. Nous dénonçons le harcèlement policier dont ils font l’objet : vague d'interdictions administratives de stade sans précédent, interpellations abusives, interrogatoires basés sur des techniques d’intimidation et même de nombreuses écoutes téléphoniques.

De plus, nous ne pouvons garantir l’intégrité physique de nos membres et sympathisants, ou de toute personne jugée « indésirable » par une certaine frange de supporters.
Nous appelons nos membres, sympathisants et tous ceux qui - à Auteuil et dans toutes les tribunes du Parc des Princes - adhèrent à nos valeurs, à refuser cette situation de racisme à grande échelle dont le Club se rend complice et surtout A NE PAS SE RENDRE au Parc des Princes jusqu'à nouvel ordre et ce dès le samedi 13 mars pour le match PSG-Sochaux.

Pour nous, supporters inconditionnels du Paris Saint-Germain Football Club 1970, c’est une décision lourde, très difficile à prendre, mais la gravité de la situation ne nous a guère laissé le choix. Nous pensons néanmoins que c’est la voie la plus responsable que nous pouvions suivre et adopter.
Face à la remise en cause de la parole de tous les abonnés du club quant au racisme latent qui empoisonne l'identité du PSG, nous appelons tous les supporters à prendre position et à libérer leur parole face aux situations de racisme auxquelles ils sont, ou ont pu être confrontés. Une plateforme de récolte de ces témoignages sera prochainement mise en place à cet effet.
Cette problématique raciste doit être résolue, au-delà des discours ou des mesures de façade. Si le PSG ne s'y résout pas, il finira définitivement seul, haï et rejeté de tous.

RACISME et FASCISME : HORS DU PSG !!! HORS DE NOS VIES !!!

7.3.10

Lost Highway

L'ultime Johnny Cash

Ultime volet des collaborations légendaires entre Johnny Cash et le producteur Rick Rubin : poignant.

http://prod3-lesinrocks.integra.fr/uploads/tx_inrocksttnews/cashCD.jpgUn dernier pour la route. American VI est l’ultime témoignage de la collaboration entre Johnny Cash et le producteur Rick Rubin, qui aura duré dix ans, depuis le monumental American Recordings de 1993 jusqu’à la mort du chanteur le 12 septembre 2003.

La route, ce pourrait être celle du roman éponyme de Cormac McCarthy : un chemin solitaire de poussière et de ronces, que le chanteur parcourt une dernière fois, résigné à la mort. Quand il a enregistré ces dix chansons en mai 2003, Johnny Cash était très malade et il venait de perdre sa femme, l’illustre et fidèle June Carter. Tous ceux qui l’ont côtoyé alors disent que seule la musique le tenait en vie.

American VI est le témoignage poignant de cette agonie. Un disque perclus, crépusculaire, désolé, d’une tristesse infinie. La voix de Johnny Cash, à laquelle on s’est si souvent réchauffé l’âme, est une flammèche qui court sur du bois mort, prête à l’extinction. Comme tous les albums de la série American, celui-ci est largement composé de reprises, emprunté au répertoire traditionnel, ou à Kris Kristofferson, Tom Paxton, Sheryl Crow, Bob Nolan.

Mais qu’importe le songbook : American VI est d’abord un album de Johnny Cash, des chansons interprétées au plus près du coeur et de l’expérience. Une poignée de musiciens jouent sur l’album, des fidèles de la série American (Smokey Hormel, Benmont Tench, Mike Campbell) et des petits nouveaux (les Avett Brothers). Ils ne font pas les malins, se contentent d’accompagner, tissent un doux linceul de musique pour la voix de Johnny Cash.

Au fil des écoutes, la gorge se desserre, on trouve une vraie beauté sereine à ces chansons éboulées. On comprend que Johnny Cash n’est pas sur la route, il est la route. Le dernier chapitre de ses enregistrements est clôt sur Aloha Oe, une tendre chanson d’adieu hawaïenne. Parce que, de la musique américaine au sens large, ce vieux cow-boy christique a écrit les tables de l’aloha.

(Lost Highway/Universal)


Source: Les Incrocks

5.3.10

PSG : Le monde à l'envers


2 mars 2010
Les incidents qui ont précédé la rencontre entre le PSG et l’OM ont eu pour conséquence un blessé grave. Les médias qui traitent de l’affaire éludent pourtant de nombreux éléments de l’enquête. Mise au point.


Commençons par le commencement : nous condamnons fermement les actes de violence et les lynchages qui ont eu lieu avant le match entre le PSG et l’OM. Il est normal que des mesures radicales soient prises pour éradiquer la violence au Parc des Princes. Nous souhaitons un prompt rétablissement à Yann L., le membre du Kop de Boulogne qui se trouve à l’heure actuelle dans un coma artificiel. Néanmoins, il convient de préciser certaines choses.

Tous les journaux qui évoquent les incidents ont une manière singulière de présenter les faits. Selon l’AFP, l’homme « a été roué de coups par d’autres supporters parisiens appartenant au virage d’Auteuil, alors qu’il sortait d’un bar ». Une version qui a été reprise sur tous les sites d’information. Aujourd’hui, Le Parisien publie un article, “Paris malade de ses supporters”. Un “expert de la violence dans les stades” affirme ceci : « A Boulogne, ce ne sont pas des saints mais ils ont des règles, des codes. En revanche, ces dernières années, on a vu apparaître à Auteuil de plus en plus de jeunes issus des cités dont le seul objectif est de se battre sous n’importe quel prétexte et sans respecter les codes en vigueur dans l’univers des supporters. Lyncher un mec à vingt, les membres de Boulogne n’auraient jamais fait cela ! ».

Pour les médias, le membre du Kop de Boulogne serait donc victime de la barbarie des nouveaux sauvages d’Auteuil, une tribune peuplée de « jeunes issus des cités ». Il n’est pas question ici de défendre la violence commise, ni de prendre un quelconque parti. Simplement de revenir sur les faits, et de nuancer –très fortement– le point de vue affiché par la quasi-totalité des médias.

Non, Yann L. ne sortait pas d’un bar quand il s’est fait agresser. Il était, avec 200 autres indépendants du PSG, en train de charger les Supras, groupe de la tribune Auteuil. Non, dans ce conflit qui l’oppose à la tribune Auteuil, le Kop de Boulogne ne respecte plus ses codes, ni ses règles. Avant de charger vers Auteuil, le cortège des indépendants s’est lui aussi livré à plusieurs lynchages en forme de ratonnades : tout ce qu’il y avait de bronzé ou de noir à proximité en prenait pour son grade. Et au sein même des affrontements, quand un membre d’Auteuil était au sol, il prenait aussi des coups. Il y a eu des lynchages de chaque côté. Il ne s’agissait pas d’une fight organisée, mais bien d’une sorte de guérilla urbaine déclenchée par l’attaque des kobistes. Il n’y avait pas de "règles", ni de "lois". Non, les membres du Kop de Boulogne qui étaient là ne sont pas des anges victimes d’un guet-apens. Ce sont eux qui ont pris l’initiative de la charge, ce sont eux qui ont attaqué sous fond de racisme exacerbé. Ce sont eux qui ont pris pour cible les Supras, groupe dont les origines ethniques de ses membres ne sont pas toujours très bleu-blanc-rouge.

Déjà, à Lille, les indépendants avaient attaqué les membres de la tribune Auteuil en affichant une préférence particulière pour les personnes de couleur. Dans l’histoire, personne n’est tout blanc ou tout noir. Loin s’en faut. Mais faire abstraction d’un certain nombre d’éléments (charge des kobistes, relents racistes nauséabonds, caricature à l’extrême de la tribune Auteuil...), c’est s’éloigner dangereusement de la vérité. C’est aussi prendre le risque que les agressés deviennent, aux yeux de tous, des agresseurs. Cela n’a pas été le cas.

Paul Lurcenet