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7.3.10

Lost Highway

L'ultime Johnny Cash

Ultime volet des collaborations légendaires entre Johnny Cash et le producteur Rick Rubin : poignant.

http://prod3-lesinrocks.integra.fr/uploads/tx_inrocksttnews/cashCD.jpgUn dernier pour la route. American VI est l’ultime témoignage de la collaboration entre Johnny Cash et le producteur Rick Rubin, qui aura duré dix ans, depuis le monumental American Recordings de 1993 jusqu’à la mort du chanteur le 12 septembre 2003.

La route, ce pourrait être celle du roman éponyme de Cormac McCarthy : un chemin solitaire de poussière et de ronces, que le chanteur parcourt une dernière fois, résigné à la mort. Quand il a enregistré ces dix chansons en mai 2003, Johnny Cash était très malade et il venait de perdre sa femme, l’illustre et fidèle June Carter. Tous ceux qui l’ont côtoyé alors disent que seule la musique le tenait en vie.

American VI est le témoignage poignant de cette agonie. Un disque perclus, crépusculaire, désolé, d’une tristesse infinie. La voix de Johnny Cash, à laquelle on s’est si souvent réchauffé l’âme, est une flammèche qui court sur du bois mort, prête à l’extinction. Comme tous les albums de la série American, celui-ci est largement composé de reprises, emprunté au répertoire traditionnel, ou à Kris Kristofferson, Tom Paxton, Sheryl Crow, Bob Nolan.

Mais qu’importe le songbook : American VI est d’abord un album de Johnny Cash, des chansons interprétées au plus près du coeur et de l’expérience. Une poignée de musiciens jouent sur l’album, des fidèles de la série American (Smokey Hormel, Benmont Tench, Mike Campbell) et des petits nouveaux (les Avett Brothers). Ils ne font pas les malins, se contentent d’accompagner, tissent un doux linceul de musique pour la voix de Johnny Cash.

Au fil des écoutes, la gorge se desserre, on trouve une vraie beauté sereine à ces chansons éboulées. On comprend que Johnny Cash n’est pas sur la route, il est la route. Le dernier chapitre de ses enregistrements est clôt sur Aloha Oe, une tendre chanson d’adieu hawaïenne. Parce que, de la musique américaine au sens large, ce vieux cow-boy christique a écrit les tables de l’aloha.

(Lost Highway/Universal)


Source: Les Incrocks

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