img { max-width: 860px; width: expression(this.width > 860 ? 860: true); }

5.3.10

PSG : Le monde à l'envers


2 mars 2010
Les incidents qui ont précédé la rencontre entre le PSG et l’OM ont eu pour conséquence un blessé grave. Les médias qui traitent de l’affaire éludent pourtant de nombreux éléments de l’enquête. Mise au point.


Commençons par le commencement : nous condamnons fermement les actes de violence et les lynchages qui ont eu lieu avant le match entre le PSG et l’OM. Il est normal que des mesures radicales soient prises pour éradiquer la violence au Parc des Princes. Nous souhaitons un prompt rétablissement à Yann L., le membre du Kop de Boulogne qui se trouve à l’heure actuelle dans un coma artificiel. Néanmoins, il convient de préciser certaines choses.

Tous les journaux qui évoquent les incidents ont une manière singulière de présenter les faits. Selon l’AFP, l’homme « a été roué de coups par d’autres supporters parisiens appartenant au virage d’Auteuil, alors qu’il sortait d’un bar ». Une version qui a été reprise sur tous les sites d’information. Aujourd’hui, Le Parisien publie un article, “Paris malade de ses supporters”. Un “expert de la violence dans les stades” affirme ceci : « A Boulogne, ce ne sont pas des saints mais ils ont des règles, des codes. En revanche, ces dernières années, on a vu apparaître à Auteuil de plus en plus de jeunes issus des cités dont le seul objectif est de se battre sous n’importe quel prétexte et sans respecter les codes en vigueur dans l’univers des supporters. Lyncher un mec à vingt, les membres de Boulogne n’auraient jamais fait cela ! ».

Pour les médias, le membre du Kop de Boulogne serait donc victime de la barbarie des nouveaux sauvages d’Auteuil, une tribune peuplée de « jeunes issus des cités ». Il n’est pas question ici de défendre la violence commise, ni de prendre un quelconque parti. Simplement de revenir sur les faits, et de nuancer –très fortement– le point de vue affiché par la quasi-totalité des médias.

Non, Yann L. ne sortait pas d’un bar quand il s’est fait agresser. Il était, avec 200 autres indépendants du PSG, en train de charger les Supras, groupe de la tribune Auteuil. Non, dans ce conflit qui l’oppose à la tribune Auteuil, le Kop de Boulogne ne respecte plus ses codes, ni ses règles. Avant de charger vers Auteuil, le cortège des indépendants s’est lui aussi livré à plusieurs lynchages en forme de ratonnades : tout ce qu’il y avait de bronzé ou de noir à proximité en prenait pour son grade. Et au sein même des affrontements, quand un membre d’Auteuil était au sol, il prenait aussi des coups. Il y a eu des lynchages de chaque côté. Il ne s’agissait pas d’une fight organisée, mais bien d’une sorte de guérilla urbaine déclenchée par l’attaque des kobistes. Il n’y avait pas de "règles", ni de "lois". Non, les membres du Kop de Boulogne qui étaient là ne sont pas des anges victimes d’un guet-apens. Ce sont eux qui ont pris l’initiative de la charge, ce sont eux qui ont attaqué sous fond de racisme exacerbé. Ce sont eux qui ont pris pour cible les Supras, groupe dont les origines ethniques de ses membres ne sont pas toujours très bleu-blanc-rouge.

Déjà, à Lille, les indépendants avaient attaqué les membres de la tribune Auteuil en affichant une préférence particulière pour les personnes de couleur. Dans l’histoire, personne n’est tout blanc ou tout noir. Loin s’en faut. Mais faire abstraction d’un certain nombre d’éléments (charge des kobistes, relents racistes nauséabonds, caricature à l’extrême de la tribune Auteuil...), c’est s’éloigner dangereusement de la vérité. C’est aussi prendre le risque que les agressés deviennent, aux yeux de tous, des agresseurs. Cela n’a pas été le cas.

Paul Lurcenet

Aucun commentaire: